< Le chemin, rive gauche de la Tardoire, en aval du
pont, conduit à l'entrée principale des grottes de Rancogne (à gauche), puis à la tour de Cressiecq
(50m), en ruine, fermant un autre accès aux grottes (1926);
Rancogne, les Grottes
A cinq kilomètres au sud-est de La Rochefoucauld, sur la rive gauche de la Tardoire, au pied d'un mamelon
hérissé de blocs disloqués, s'ouvrent, dans l'étage jurassique inférieur (oxfordien et kellovien),
les intéressantes grottes de Rancogne.
C'est le père Chabenat, grand carme conventuel de La Rochefoucauld, qui les signala le 25 mai 1784; les salles supérieures
ne furent connues qu'en 1822, grace aux recherches d'un guide, Pierre Despignat.
La situation de ces grottes au niveau du cours d'eau actuel, l'humidité qui y règne
laissent supposer qu'elles ne furent pas habitées par les hommes des périodes paléolithiques:
dailleurs les fouilles n'ont donné aucun spécimen antérieur au néolithique; seules quelques grandes jattes de la fin du robenhausien,
probablement de l'époque de la station de Bois du Roc
à Vilhonneur, peuvent faire admettre qu'elles servirent
de refuge après dessèchement partiel du grand cours d'eau qui occupait la vallée.
Un chemin étroit qui longe la rivière conduit à l'entrée, sorte de gueule hérissée
d'écailles de roches ayant l'aspect d'un travail humain. (Ci-dessous: L'entrée principale, au niveau
de la Tardoire en 1957)
A demi courbé, précédé
d'un guide, on avance à travers un couloir dont les pierres grisâtres semblent avoir été
usées par un clapotis incessant des grand courants souterrains. Après quelques minutes, on atteint
une salle de forme elliptique de 30 mètres su 14. L'attention est déja captivée par les séries
continues de cristallisations variées: colonnes recouvertes de gurth, plaques calcaires en forme d'oreilles de porc, stalactites et stalagmites aux entrelacements gracieux
de franges et de torsades. En continuant à travers des dédales ruisselants, on arrive, au moyen d'échelles,
aux galeries supérieures. Le sourd grondement de l'eau, qui roule en cascade dans des escavations profondes,
rompt le calme de ces lieux; et pendant qu'on se demande s'il n'est pas imprudent de s'engager dans ces couloirs
tortueux et sombres, on arrive à une salle immense de forme régulière, où se dresse
une pyramide de 6 mètres de haut et de base égale, dénommée le tombeau d'Abel; tout près s'ouvre une excavation désignée sous le
nom de tombeau d'Adam et à coté une niche dite
du prophête Elie.
La voûte de cette salle éclairée par les torches laisse entrevoir un nombre incalculable de
stalactites aux colonnettes d'albâtre, de cippes aux formes étranges et de concrétions bizarres.
A tous ces caprices de la nature s'en ajoute un autre des plus curieux. L'incessant travail des eaux saturées
de carbonate de chaux a disposé, les unes près des autres, des quantités de lames sonores
auxquelles on a donné le nom de piano de Rancogne.
Quand, après une heure de marche dans ces milieux ténébreux, on revient sur ses pas, on garde
l'impression qu'on a été transporté dans quelques palais enchantés occupés par
des génies des contes arabes.
J'ajouterai que la grandeur à la fois fantastique et sauvage de ces richesses souterraines subsiste même
en face du pittoreque paysage qui se découvre si on gravit les pentes abruptes du mamelon de Rancogne.
|
| H. Coquand, Description Physique, Géologique, Paléontologique
et Minéralogique du département de la Charente, 1858, p. 266, imp. Bodivers & Cie. *.html | Bertrand, Les Grottes de Rancogne, Directeur d'école
à La Rochefoucauld - Etudes Locales, octobre 1920, *.html .pdf (17kb) | |