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Une photographie ancienne
du Château d'
Angoulême

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Par Pierre Dubourg-Noves

L'apport des photographies anciennes à la connaissance de l'archéologie monumentale et urbaine, comme à celle de l'histoire de l'art, n'est plus à découvrir.
Le document que je livre aujourd'hui à la publication est un tirage 336*241mm dans les tons de sépia habituels au milieu du XIX siècle. Il est collé sur une feuille de 540*415mm, cerné d'un trait à l'encre formant cadre, et porte la légende suivante, tracée à la main, à l'encre, en caractère de ronde : "Vue d'
Angoulême prise du cote de Bufageasse"; Et, sous l'angle droit, en tout petits caractères manuscrits : "photographie par E. Godard". |
Le lieu d'où a été pris le cliché correspond sensiblement au nouvel immeuble du
Ministère de la Construction et de l'Urbanisme.
On remarque, au premier plan, des champs, et un long bâtiment de ferme à un étage et grenier sur rez-de-chaussée, précédé d'une galerie à balustres de pierre. Ce bâtiment et sa balustrade existent encore aujourd'hui, mais entourés de constructions anarchiques sans caractère.
Sur la droite, l'on aperçoit, dans la blancheur agressive de sa pierre neuve, la nouvelle église
Saint-Martial de Paul Abadie, qui fut inaugurée en 1850.
L'on voit en pendant sur la gauche, dans le lointain, (légèrement retouché au crayon par l'artiste), la nouvelle tour de la cathédrale, elle aussi reconstruite par
Abadie peu après 1852.
Mais,
Paul Abadie, qui a beaucoup fait - rendons-lui ce qui lui est du - pour l'enlaidissement du site d'Angoulême, n'a pas encore touché la masse imposante du château comtal, qui se dresse à l'horizon, vers la gauche, dominant la longue diagonale des maisons - alors presque neuve - de la rue de Montmoreau. Sur l'horizon émerge encore, vers la droite, la silhouette inchangée, massive et rassurante, du clocher de Saint-André.
Cette vue du château est particulièrement émouvante : elle est la seule qui donne la physionomie d'ensemble des bâtiments, prise de l'orient, alors que dessins, gravures et photographies en ont multiplié les images vues du nord-ouest.
Et cela permet quelques observations : d'abord, soulignant le tout, subsiste encore intact à cette date l'éperon des fortifications d'
Epernon qui domine l'entrée du rempart de l'Est, et sa "guette" qui se détache aimablement à l'angle du rempart.
Cette vision gracieuse est, bien sur, révolue : il faut chercher aujourd'hui la "guette" derrière une terrasse, dans l'arrière-cour d'une maison banale, et les restes du magnifique rempart d'
Epernon sont rongés peu à peu par les inconséquences d'un urbanisme de pacotille.
Mais, surtout, à la place de l'Hôtel de Ville, centenaire à la silhouette étriqué de gamin poussé trop vite dans un costume trop étroit, se détache la pittoresque silhouette des parties les plus anciennes du château.
C'est, en premier lieu, émergeant de la ligne de toits des maisons de la rue de l'
Arsenal, la partie supérieure de la Tour ronde, dite "de Marguerite", dont la rangée de mâchicoulis et de corbeaux bien intacts supporte un bahut ou ne manque guère que le crénelage.
Vers la gauche, le haut pavillon pyramidal et la petite toiture en cône qui l'accompagne s'identifient aisément avec le pavillon dit "d'
Epernon", qui était, en fait une construction du Bon Comte Jean légèrement postérieure à la tour elle-même.
Sur la partie de droite, le donjon, des XIIIe-XIVe siècles, dresse sa masse formidable de colonne dorique trapue. Au-dessus de sa ligne intacte de mâchicoulis supportant un bahut lui aussi privé de crénelage, on voit encore le télégraphe de
Chappe, qui faisait dire à Theophile Gautier, touriste pressé se rendant en Espagne (déjà !) : "Une vielle tour qui, si ma mémoire est fidèle, est surmontée d'un télégraphe (le télégraphe sauve beaucoup de vielles tours), donne de la sévérité à l'aspect général et fait tenir à la ville une assez bonne place sur le bord de l'horizon."
C'est, bien entendu, la partie intermédiaire disparue qui nous apporte les renseignements les plus précieux: On aperçoit d'abord, intact, le pignon sud du Corps de logis du
Comte Jean, démoli en 1859 ; puis celui du mur de refend qui partageait en deux la longueur de cette aile ; sur cette première moitié du corps de logis, la haute charpente et le toit de tuiles plates ont disparu, remplacés - d'autres images nous l'apprennent - par une toiture basse couverte de tuiles rondes ; les cheminées subsistent cependant.
Mais la seconde moitié de la toiture est intacte et cache de sa masse le pignon septentrional.
Autre vision tout à fait inconnue, il existait, entre l'angle sud-est du corps de logis et la courtine, dite "mur romain" parce que la base en était faite des gros blocs de l'enceinte élevée avec les débris des monuments gallo-romains, vraisemblablement au Ve siècle, un escalier à vis de grandes dimensions, visible sur les plans, entre autres celui de
Michon (1) et un plan inédit des archives techniques du Génie datant du XVIIIe siècle.
Mais la silhouette de cette tourelle, en élévation, n'était portée à notre connaissance que par une jolie mais très inexacte gravure de la fin du XVIIIe siècle
(2) . On aperçoit, en regardant le cliché, qu'il s'agit d'une construction polygonale fort imposante, encore en bon état, et qui a gardé intacte sa coiffure en poivrière.
De même, à peu de distance sur la droite, on voit émerger une tourelle plus menue, légèrement moins élevée : il s'agit de la vis qui desservait l'autre extrémité du "mur romain", à sa jonction avec l'enceinte semi-circulaire du XIIIe siècle, munie de ses deux tours flanquantes.
On s'aperçoit que, là encore, les superstructures du XVe siècle s'étaient conservées.
Cette présentation sommaire faite, on n'accordera, par bienséance, que ce qu'il faut de rêve, de délectation et de pieuse nostalgie à cette silhouette toute pittoresque, de sensibilité architecturale et de finesse, en un temps ou l'on vient de célébrer avec un éclat le responsable de sa disparition. Simplement, la publication de cette image sera notre contribution personnelle à la célébration du centenaire de l'Hôtel de Ville.

(1)Statistique Monumentale, Paris 1844, p. 215.
(2)Cf. Angoulême, Burias et Catala, p. 115.

Extrait des Bulletins et Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente - Année 1969.


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